Comment créer un bon personnage de méchant

Lorsqu’il s’agit d’écrire des fictions, penser à son héros ou à son héroïne est naturellement la première chose qui nous vient à l’esprit.

Qui n’a pas imaginé, souvent même avant d’avoir la première idée sur son roman, cet être autour duquel son récit et son univers tourneront telles des planètes ? Tout le monde l’a fait. C’est aisé. Facile. Presque évident.

Bien sûr, on peut connaitre quelques difficultés, mais il est toujours plus aisé d’imaginer son personnage principal que d’imaginer… son Grand Méchant.

Oui, lorsqu’il s’agit de celui/ou celle (les super méchantes aussi valent la peine) que tout le monde devra détester tout au long des pages, mais qui est, tout de même, indispensable à l’aventure de notre intrépide héros ; on peut vite être bloqué. Souvent parce que ce personnage-là, on ne le comprend pas toujours très bien, vu qu’il ne nous ressemble pas. Vraiment ?

Il faut bien le dire, il n’y a pas de héros sans antagoniste. Cet antagoniste peut prendre une multitude de formes selon le profil de votre histoire, et pas forcément celle d’une « personne ». Cela peut être une maladie, un évènement (guerre, accident), même un traumatisme que votre héros ne parviendrait pas à surmonter.

Mais c’est du bon vieux méchant que je vais parler ici, en chair et en os. Celui qui répond au héros, par lequel ce dernier doit passer pour réaliser sa quête et découvrir qui il est.

Alors, comment créer le Voldemort de votre Harry Potter, le Dark Vador de votre Luke Skywalker, le Gros Minet de votre titi ?

Pour commencer, évoquons les différentes catégories de méchants de fiction, telles que  rédigées par Fred et publiées depuis Overblog.

        LES 5 CATÉGORIES DE MÉCHANTS DE FICTION

1. Le Méchant maléfique :

Ici c’est le Mal à l’état pur, véritable monstre sans âme. Et qui dit sans âme, dit bien souvent inhumain. Mais alors dans le sens… non humain quoi. C’est ici que vous retrouverez des méchants comme les grands Sorciers immortels, les Dieux (du moins des êtres qui se prennent pour tels) ou les Mutants omniscients, pour lesquels nous autres pauvres humains ne valons pas mieux qu’une poussière sur une chaussure.

Le + : Il faut souvent une énorme alliance de personnages différents pour arriver à faire mordre la poussière à ce super méchant.

2. Le Méchant machiavélique :

Celui-ci a un plan. Méthodique et sans scrupules, ce méchant ne se laisse pas freiner par ses émotions (faut dire qu’il n’en a pas beaucoup). Qu’on le méprise ou qu’on le respecte, tout le monde le craint. Conquérants, malins, ne servant que leur propre intérêt, ce sont des mégalomanes capables de tout ravager sur leur passage pour leur propre gloire.

Le + : Le Machiavélique offre l’occasion d’explorer les méandres d’un esprit tortueux et brillant. Tout méchant qu’il est, on est facilement fasciné par l’intelligence supérieure de cet individu.

3. Le Méchant manipulateur :

Fred d’Overblog, d’où je tire cette catégorisation, précise bien que celui-ci ressemble assez au précédent. Oui, un manipulateur a souvent quelque chose de machiavélique. Mais le manipulateur a des plans moins… évidents. Celui-ci sait s’y prendre pour se faire passer pour ce qu’il n’est pas, pour cacher son jeu à tous jusqu’au moment où il décide finalement de frapper. Souvent proche des héros, il ne cesse de comploter dans le dos de ceux-ci. Quelques fois, même les lecteurs ne savent pas ce qu’il en ait de la vraie personnalité du manipulateur. Ce qui offre un véritable moment de stupéfaction quand on finit par le découvrir. Mais la plupart du temps, les lecteurs savent ce qu’il en ait, ce qui laisse ces derniers frustrés à chaque réussite de l’horrible personnage.

Le + : Joueur invétéré, le manipulateur est capable de changer la donne. Dans les coulisses, le manipulateur peut faire tomber des dynasties et des empires. Vous cherchez à briser une paix fragile et à déclarer une guerre, ne cherchez plus, vous avez trouvé le méchant qu’il vous faut.

4. Le Méchant Monstrueux :

Ne cherchez pas trop, tout est dans le nom. Ce méchant est un monstre. Au sens littéral du terme. Ici, on est en plein dans le genre horreur, science-fiction et fantastique. Qu’il s’agisse de zombies, de plantes carnivores ou d’insectes géants ; ces créatures sont dictées par des instincts basiques et primitifs. Oubliez les plans méthodiques et autres manipulations, le méchant monstrueux vit l’instant. Nourrir son appétit, assouvir sa rage, détruire ce qui lui fait face ; celui-ci prend carpe diem au pied de la lettre.

Le + : La chasse. Les créatures sans conscience justifient les pires traitements, et on aime bien ça (on ne va pas le nier). L’autre avantage vient du fait que des monstres de ce genre peuvent facilement être les œuvres d’un autre type de méchant précédemment évoqué. Leur absence de conscience et leur sauvagerie en font effectivement d’excellentes armes, pour qui saurait les orienter.

5. Le Méchant Haineux :

Vous pouvez me demander, quelle différence entre ce dernier et le manipulateur, ou même le machiavélique ? Et bien les deux autres catégories de méchants ne sont pas forcément alimentées par la haine. L’ambition, la soif de pouvoir, et une absence totale d’empathie caractérisent souvent le machiavélique et le manipulateur. Le haineux par contre, est poussé par une émotion extrêmement puissante, alimenté par un passé ou un évènement qui le marqua à jamais. On est donc ici loin de l’individu sociopathe par nature.

Le + : Ce méchant est celui qui, à mon sens, permet le mieux de tisser un lien entre le héros et son antagoniste. Qu’ils soient tous deux orphelins, victimes de guerre ou de tout autres drames, le méchant haineux justifie son attitude par son vécu. Que son traumatisme soit réel ou imaginaire, le haineux ne s’estime pas responsable, et entend que cela se sache. Quelqu’un d’autre ou autre chose a fait de lui ce qu’il est, et même le héros peut être pris de pitié pour ce dernier.

Maintenant qu’on a bien fait le bilan des différents types de méchants avec lesquels vous pouvez régaler vos lecteurs, passons à ce que vous devez absolument garder en tête pour arriver à créer un méchant inoubliable.

       4 Conseils pour créer un bon méchant

1. Le Méchant vaut le héros :

Grande fan de Sherlock de la BBC, je suis toujours impressionnée par les adversaires du génial détective. Si on peut leur trouver une seule chose en commun c’est celle-ci : ils sont tous brillants. Une des astuces les plus faciles pour commencer à penser un méchant, c’est d’utiliser les talents du héros et de donner les mêmes, ou du moins sensiblement les mêmes, à son adversaire.

C’est très amusant de jouer avec ce genre de choses. Surtout qu’il y a très peu d’intérêts à suivre les aventures d’un héros qui se sortirait toujours les doigts dans le nez de toutes les situations. Qu’apprendra-t-il ? Et que nous apprendra-t-il d’ailleurs ? Ce n’est que dans l’opposition et la difficulté que le héros se réalisera, et qu’il nous touchera parce que difficulté, je crois que c’est le second prénom de la vie non ?

Alors que votre héros manipule la glace et son adversaire le feu, qu’ils s’opposent ou qu’ils se ressemblent avec leurs dons, tous deux doivent toujours, d’une certaine façon, se valoir.

2. Le Méchant a une histoire :

Qu’on se le dise bien, nous avons tous une histoire ; et les méchants ne font pas exception. L’histoire du méchant, qu’elle soit dite ou seulement évoquée, doit être connue de l’auteur, ce qui lui permettra de mieux penser la psychologie de son personnage. A-t-il toujours été ainsi ? L’est-il devenu avec le temps ? Même les psychopathes les plus terrifiants ont une histoire. Que votre méchant soit un sadique qui n’a jamais, de toute sa vie, manifesté la plus petite once d’amour ou un mal aimé qui aurait basculé du « côté obscur de la force », celui-ci a forcément une histoire. À vous de la découvrir et de décider de la meilleure manière de la partager.

3. Le Méchant peut avoir des sentiments :

Eh oui, ce n’est pas parce qu’on veut conquérir le monde qu’on n’aime pas les petits chats ou le Jazz. En réalité, il y a même quelque chose de particulièrement dérangeant chez une personne capable de faire du mal à ses semblables sans la moindre émotion tout en ayant les yeux qui brillent devant un papillon ou une fleur. Maintenant l’attachement peut avoir quelque chose de malsain, ou d’exclusif ; mais cela reste de l’attachement. C’est d’ailleurs un excellent angle pour non seulement humaniser votre personnage, mais aussi permettre aux lecteurs d’en apprendre plus sur son passé ou sa psychologie, peut-être en trouvant une corrélation entre l’objet de son attachement et un élément fondamental de son passé par exemple. Un coup à ne surtout pas négliger.

4. Le Méchant peut être inspiré de vous :

Comme vous pouvez le constater, j’ai gardé le meilleur pour la fin.

On écrit toujours un peu sur soi. Pour un personnage aussi important que le méchant de votre histoire, n’hésitez pas à puiser au plus profond de vous. Nous avons tous des facettes cachées, des côtés sombres. Est-ce que la colère alimente votre méchant ? Vous savez forcément ce que c’est. Tout le monde a un jour été en colère. La haine, la peur, le sentiment d’injustice, de supériorité, de ne pas être apprécié à sa juste valeur… peu importe ce qui se cache derrière les actions de ce dernier, vous l’avez sûrement, ne serait-ce qu’une seconde, connu vous aussi.

Allez puiser dans votre vécu, exploitez vos ressentis. Peut-être éprouvez-vous encore ces sentiments, c’est enfin l’occasion de les laisser sortir. Votre méchant pourra faire toutes les choses que vous ne pouvez pas, et vous permettre par là même de réaliser mieux encore à quel point ces sentiments « négatifs » peuvent être destructeurs puisque, et bien à la fin, il se fera normalement dérouiller par la force positive du gentil ; pas vrai ? En même temps cette partie-là, elle ne regarde que vous.

Il y a deux gros avantages à cette méthode : le premier, vous vous ferez une séance de self-thérapie (gratuite en somme) et ensuite, vous avez toutes les chances de créer un vilain plus que crédible. Pourquoi se gêner ?

Alors, au travail apprentis écrivains, et bonne chance !

Et n’hésitez pas à commenter ou à me faire part de vos questions, auxquelles je me ferais un plaisir de répondre.

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