Comment écrire de bons dialogues

Tout d’abord : bonne année 2020 à tous (même si le mois de janvier est déjà sacrément entamé), et j’espère que cette nouvelle année vous apportera tout ce que l’année précédente n’a pas été en mesure de vous offrir ; sinon plus encore.

Pour débuter cette nouvelle année et célébrer le 10ème  article-conseil de ce blog (eh oui, déjà), on va parler des dialogues (parler des dialogues, ça tombe sous le sens pas vrai ? Bref, 1ère blague pourrie de l’année, passons à la suite).

On a l’habitude de dire que l’argent est le nerf de la guerre. De la même façon, on pourrait dire que le dialogue est le nerf du roman.

Le dialogue est ce qui donne à un roman son dynamisme, aux personnages une identité et une « voix », et en plus permet d’ajouter une touche émotionnelle à un texte ; celle-ci pouvant être aussi bien dramatique qu’humoristique.

Alors, comment s’y prendre pour écrire un bon dialogue ? Commençons par le fond, et voyons les 7 éléments que je considère comme les plus importants dans l’écriture d’un dialogue.

I. Les sept choses à retenir pour réussir un dialogue (Travail de fond) :

1. Un dialogue doit apporter quelque chose à l’action.

Toujours. Je dois néanmoins ajouter une précision, il n’est pas forcément nécessaire pour apporter quelque chose à votre texte que votre dialogue soit plein de grandes révélations. Il peut donner un nouvel éclairage sur un personnage ou sur une relation entre deux ou plusieurs personnages. Néanmoins, évitez de forcer vos dialogues, notamment pour donner des informations à vos lecteurs. Ça ne sonnera pas naturel. On écrit un dialogue parce qu’on sait que dans la vraie vie, à ce moment particulier, il aurait pu y en avoir un. Tous les « bonjours » et « bonsoirs » n’ont pas besoin d’être des dialogues. Les mentionner suffit souvent amplement.

2. Vos personnages doivent avoir des voix différentes, selon leurs personnalités, leur âge, leur groupe social.

Le travail du personnage intervient énormément dans celui des dialogues. Selon leurs caractères, chacun des personnages doit avoir sa façon de s’exprimer. Pour un personnage timide, on s’attendrait à des phrases hésitantes, chargées de points de suspension. Tandis qu’une personne taciturne et renfermée prononcerait normalement peu de mots, aurait un langage plus incisif.

3.Évitez un langage trop littéraire.

Oui, c’est un roman. Pour cela vous devez travailler votre orthographe et votre grammaire, mais un dialogue doit toujours sonner juste. Et dans la vraie vie, on peut dire des gros mots, faire des fautes de langage ou même oublier des articles. Là encore, cela dépend du personnage et des circonstances.

4.N’oubliez pas le contexte.

Jouer avec le contexte apporte de la fraîcheur, mais aussi du réalisme à une conversation. Vos personnages discutent-ils assis dans un bar bruyant ? Ils devront se pencher l’un vers l’autre, souvent parler fort pour se faire entendre, quelques fois se saisir de leur bière pour la porter jusqu’à leurs lèvres… N’oubliez pas toutes ces choses que font normalement les gens lorsqu’ils discutent et qui rendront votre texte plus vivant.

5.N’abusez pas des incises.

Les incises, ce sont ces verbes qui permettent de décrire l’action. Les plus connus : « dit-il, cria-t-il, ajouta-t-il… » On ne peut, en tout logique, s’en passer. Mais il faut savoir les doser. Les descriptions contextuelles évoquées plus haut permettent souvent non seulement de donner du dynamisme à un dialogue, mais aussi de minimiser les incises.

6.Pensez au sous-texte.

On n’en parle pas toujours, pourtant il ne manque pas d’importance. Mais d’abord, qu’est-ce que le sous-texte ? Le sous-texte, c’est ce qu’on ne dit pas, mais qu’on ressent. La tension, la gêne, l’attirance… Souvent, dans un dialogue il se passe beaucoup plus de choses qu’on ne l’écrit. Écrivez-vous sur deux personnages qui ont récemment rompu et ne se sont pas revus depuis ? Sont-ils tendus, nerveux, en colère ?

   Il n’est pas nécessaire dans ces situations de l’énoncer ; il faut le montrer. Se mord-elle les lèvres ? Bafouille-t-il ? Regarde-t-il sans cesse dans une autre direction ? Autant de manières de faire comprendre à vos lecteurs les non-dits de vos dialogues.

7.Lisez.

Oui, c’est mon dernier conseil, mais non des moindres : lire. En réalité, ce conseil devrait être le premier. Lire est le meilleur moyen d’apprendre à écrire. Lisez des dialogues. Notez dans les romans les techniques d’écriture de dialogues des professionnels, et n’hésitez pas à vous en inspirer. On le fait tous.

Mais les dialogues de roman ne se limitent pas au fond, mais aussi à la forme.

II. Et si on parlait maintenant de typographie (Travail de forme) ?

1. Les guillemets.

Traditionnellement, les guillemets ouvrent et ferment un dialogue. Guillemets entrant «  en début, et sortant  » en clôture de celui-ci.

Un exemple simple : « Bonjour, comment vas-tu ? »

Évidemment, il ne faut pas oublier l’espace entre chaque guillemet. La présence des guillemets et celle des tirets sont les deux éléments habituels d’un dialogue.

Si la présence d’un guillemet annule celle d’un tiret, il en faut impérativement un dès que vous changez d’interlocuteur.

Exemple : « Bonjour, comment vas-tu ? demanda-t-il.

—  Je vais bien, et toi ? », répondit-elle avec un sourire.

Comme vous le voyez, ce n’est pas bien compliqué.

Détail important : les incises commencent toujours par des minuscules, même si la  phrase qu’ils précédent se termine par un point exclamatif ou interrogatif (ne vous fiez pas à Word à ce sujet).

Il faut savoir que dans l’écriture anglo-saxonne, on ouvre et on ferme les guillemets à chaque interlocuteur. Ce qui donne quelque chose comme ça :

« Bonjour, comment tu vas ? » demanda-t-il.

« Je vais bien, et toi ? », répondit-elle avec un sourire.

Mais ce n’est pas la façon francophone de faire, alors ne vous embrouillez pas. Qui plus est, aujourd’hui de plus en plus de romans francophones se passent des guillemets au profit unique des tirets.

2. Le Tiret.

Dans le dialogue de roman, le tiret est un tiret cadratin. Je vous le dis déjà, il ne figure pas sur votre clavier (ce serait trop simple sinon) et on ne l’obtient qu’après une série de combinaisons dignes d’un combo de jeu vidéo de combat.

Alt+Ctr+- (le dernier caractère étant le tiret du pavé numérique). Appuyées simultanément, ces trois touches vous permettront d’obtenir le fameux tiret.

Mais il y a une façon d’automatiser tout cela (sur Word notamment), et de vous éviter des tracasseries futures. Voici la méthode :

*On commence par aller à Fichier (au-dessus de votre ruban, tout à gauche.)

*On clique sur Options

* On clique sur Vérifications

*On clique sur Options de correction

*On va à Remplacer et on indique deux tirets du tableau numérique (- -), puis on va à par et on inscrit le tiret cadratin (—) comme appris plus haut.

* Cliquez sur Ajouter.

* Cliquer sur OK

Ça a l’air long, mais au moins une fois que c’est fait, tout ce que vous avez à faire dans vos dialogues pour obtenir le fameux tiret cadratin c’est taper deux fois le tiret du clavier numérique. Une méthode que je trouve bien plus simple que la précédente.

Après chaque tiret, pensez toujours à laisser un espace avant d’entamer votre phrase.

L’écriture des dialogues demande de la concentration et de la préparation. Sachez ce que vous voulez dire, l’impression que vous souhaitez transmettre, l’élément (ou les éléments) que vous souhaitez mettre en avant.

Comme pour tout le reste, la pratique vous permettra de vous améliorer.

Une fois de plus, je vous souhaite une merveilleuse nouvelle année 2020, et bonne chance dans vos projets d’écriture.

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