Salut à tous, amis apprentis écrivains et amoureux des Lettres, aujourd’hui nous allons en quelque sorte compléter l’article sur la planification en nous attardant sur une méthode en particulier : le schéma narratif.
Habituellement, c’est l’outil des apprentis, associé aisément aux contes. Il n’y a, à mon sens, aucune honte à cela. Tout le monde doit bien commencer quelque part. Et rien ne vous oblige, une fois devenue de grands professionnels, de continuer à l’utiliser.
Personnellement, c’est la méthode que j’utilise depuis toujours. Je sais qu’elle est associée au conte, mais un conte est en quelque sorte la version simplifiée de tout roman. Vous avez déjà entendu parler de schéma narratif ? Je suis sûre que oui. Il se déploie en 5 principales étapes, étapes que je vais détailler ici :
1.La Situation initiale ou Exposition :
Ici, on pourrait dire qu’on plante le décor. Dans cette partie, j’évite de faire autre chose qu’offrir une vision large de mon univers et de mes personnages. Personnages, contexte, lieu, atmosphère générale. C’est l’histoire qui se déroule avant le problème auquel devra faire face votre personnage principal. La vie tranquille dans son village avant l’arrivée des horribles soldats, ou sa morosité coutumière avant sa rencontre avec cette fille magnifique.
Précision : La situation initiale n’a pas à être un état de plénitude, ce n’est que l’état de votre monde et de votre héros avant le début proprement dit de son aventure. Selon votre histoire, cette phase peut prendre un ou plusieurs chapitres, mais je ne saurais trop vous conseiller de ne pas trop la faire durer, de peur de lasser vos lecteurs.
2.L’élément perturbateur :
Là, on entre au cœur du problème, là où débute l’action. C’est ici que vous devez introduire l’élément, ou l’évènement, qui déclenchera le début de votre aventure en venant briser la routine présentée en situation initiale. Le déclencheur doit avoir un impact sur la psychologie de votre personnage principal. Il se doit d’avoir une portée assez forte pour pousser ce dernier à se lancer dans son aventure. Le perturbateur peut être très personnel (deuil, retrouvailles…) ou avoir une portée plus grande (guerre, débarquement des extraterrestres…), qu’il soit l’un ou l’autre, c’est cet évènement qui doit faire réellement démarrer votre récit, et il se doit d’être en accord non seulement avec votre univers, mais aussi avec la personnalité de votre héros.
Précision : L’élément perturbateur n’est pas obligatoirement négatif. Une demande en mariage peut être l’évènement qui lancera votre récit, ou même la naissance d’un enfant longtemps attendu.
3.Les Péripéties :
Le gros des actions se déroule dans cette partie. C’est, habituellement, la partie la plus longue. L’aventure de votre personnage principal a lieu ici. Les endroits où il ira, les personnes qu’il y rencontrera, la manière dont il appréhendera les drames et autres évènements qui lui arriveront. Toutes les actions qu’il entreprendra pour résoudre sa problématique. Découper cette partie en plusieurs plus petites, surtout si votre récit est assez imposant, peut s’avérer nécessaire.
Vous seul savez par quoi vous avez prévu faire passer votre personnage principal. Élaborez cette partie par rapport à votre élément déclencheur, et à la personnalité initiale de votre héros. L’inconfort est habituellement l’état dans lequel les écrivains aiment le plus mettre leur personnage principal, histoire de le faire évoluer réellement. On le sait tous, ce n’est qu’en dehors de notre zone de confort qu’on découvre nos vraies ressources. Si c’est vrai pour nous, ça l’est tout autant pour les personnages de fiction.
Précision : Vos péripéties n’ont pas besoin, comme votre élément déclencheur, d’être en contradiction avec les rêves et les ambitions de votre personnage. Si votre élément déclencheur est par exemple une promotion longtemps attendue, vos péripéties devront tourner autour de ce poste tant souhaité par votre personnage. Les choses ne pouvant, vous l’aurez compris, pas toujours être toutes roses. Où serait l’intérêt ?
4.Élément de résolution :
On entre ici dans les derniers moments de votre récit. Les choses commencent à se mettre en place, votre héros commence à voir, comme dit l’expression, le bout du tunnel. Même si j’ai noté « élément » au masculin, plusieurs évènements peuvent ici entrer en scène. L’essentiel étant que chacun d’entre eux permet la résolution de la situation au centre de votre roman.
Précision : la résolution ne signifie pas la paix sur la terre et la victoire de l’amour sur la haine. Il est arrivé (et il arrive encore d’ailleurs), que les éléments de résolution mènent à une redéfinition du monde qui, tout en résolvant le problème de base de votre roman, ouvre sur des problématiques encore plus vastes.
5.La Situation finale :
Vos personnages en ont terminé avec leurs aventures. Ils ont réussi, ou échouer, à gérer le problème ou plus généralement la situation, qui les mena au début à se lancer dans leurs péripéties. Qu’ont-ils appris ? Que sont-ils devenus ? Et leur monde, à quoi ressemble-t-il maintenant ? Et surtout, comment l’appréhende-t-il par rapport au début de votre roman ? Ici, ne négligez pas le changement psychologique que doivent avoir connu vos personnages.
Précision : L’idée est et doit toujours être celle de faire évoluer vos personnages. Toujours. Toujours. Qu’importe dans quelle direction, il est important non, primordial qu’à la fin de votre roman vos lecteurs perçoivent les changements qu’aura connus votre héros.
Même si je ne le conseille pas aux apprentis écrivains, tous les romans ne commencent pas forcément par leur situation initiale. Certains se jouent à rebours, en débutant sur la fin, avant de remonter jusqu’au tout début de l’aventure. Cette technique a pour avantage de créer un intérêt et une curiosité presque immédiats chez le lecteur, qui aura hâte de savoir ce qui aura mené à cette fin.
J’espère que maintenant vous êtes prêts à vous lancer dans l’élaboration d’un plan. Comme je l’ai déjà dit et comme je ne cesserai de le répéter, le plan n’empêche pas l’improvisation. Avoir une feuille de route ne vous empêche pas de prendre les petits sentiers sur lesquels vous pouvez tomber en chemin.
L’écriture en elle-même ne cessera pas de vous offrir des surprises sous prétexte que vous suivez un plan. Sentez-vous toujours libre de suivre votre instinct.
Bonne chance !